« la passion c'est comme la drogue : au début tu penses la maîtriser, puis un jour, tu dois bien admettre que c'est elle qui te maîtrise ... ».»
« Tu t’es pris pour qui à nous refiler de la merde ! Ma meuf est morte à cause de toi, alors on va faire pareil avec la tienne, sale connard ». Trois gars me maintenaient assez fort pour que je puisse me défendre, pour que je puisse leur asséner une belle droite et les empêcher de commettre l’irréparable. Ils la tenaient aussi elle, ma petite amie, celle pour qui je pourrais mourir, celle pour qui je voulais mourir, Joanne. Elle et moi, c’était une histoire de plus de cinq ans. Elle était celle qui me connaissait le mieux, qui connaissait mes peurs, mes failles, mes défauts comme mes rares qualités. Rivés de chez nous à quinze ans, nous nous étions rencontrés dans un squatt pour ne plus jamais se quitter. Elle représentait tout pour moi et ils allaient me l’enlever, comme ça devant mes yeux. J’avais beau essayé de me débattre, impossible d’échapper à leur emprisonnement. BANG BANG « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ». Je m’écroulais au sol alors que les types qui me retenaient me lâchèrent brusquement. Deux coups de feu étaient partie, un dans son cœur, un dans sa tête. Des perles salées venaient inonder mon visage alors que je me traînais jusqu’à la dépouille de Joanne, totalement ensanglantée. « Jo réveille toi, je t’en supplie. Me laisse pas, t’as pas le droit. Tu m’entends ! T’as pas le droit merde ! Souviens toi de notre promesse, de ne jamais se quitter ! Souviens et réveille toi merde ! REVEILLE TOI ! Révei…. ». Je n’eus pas le loisir d’achever ma phrase. Pleurant sur le corps de ma petite amie, je n’avais ni vu ni entendu s’approcher celui qui l’avait tué, pour me tuer à mon tour. Un coup de couteau dans le dos me coupa la respiration. « Si tu crois que tu allais t’en sortir indemne toi aussi, rêves. Mais toi, je vais juste te saigner, pas te tuer. Tu mourras de tristesse ensuite et tu verras comme ça fait mal de vivre sans elle, tu verras comme t’en crèves un peu plus chaque jour ».

Je me suis réveillé trois jours plus tard à l’hôpital. Je n’ai jamais su comment j’étais arrivé là. Je n’ai pas pu assister à l’enterrement de Joanne car quand je suis sorti de l’hôpital, je n’ai jamais retrouvé son corps et je n’ai jamais su où est-ce qu’elle avait pu être mise ou enterrée. Je n’ai jamais guéri de cet amour. Elle est toujours en moi, dans chacun de mes pas, chacune de mes pensées. J’ai déménagé à Los Angeles un an après sa mort, pour changer de vie. J’ai arrêté tout trafic de drogue. Je me suis juré de ne plus jamais touché à cette merde ma vie, mais après deux cures, je n’ai jamais trouvé le courage de totalement arrêté. Je ne suis plus aussi dépendant qu’avant. J’ai trouvé une autre drogue, la photographie et les femmes. Je m’amuse beaucoup, je sors tous les soirs pour me mettre la tête à l’envers et tenter d’oublier pendant quelques heures mon existence de merde. Je n’ai plus goût à rien, je ne suis que l’ombre de moi-même. Je pensais ne jamais retrouver ce goût de frisson, cet adréaline que m’apporte Joanne au quotidien, jusqu’à que je la rencontre elle, celle qui venait de réveiller ce passé si douloureux que je cherchais à échapper. Mais ne dit-on pas que notre passé finit toujours par nous rattraper ? Que que nous essayions de faire pour l’oublier ? Mon passé et mon futur s’appelaient Jody, et elle ressemblait très pour très à mon ancienne petite amie morte il y a maintenant trois ans de cela.